En ce début de week-end off, Barbie tente une sortie en centre-ville de Cannes et ce, malgré les prévisions météorologiques peu encourageantes. Ah le charme de la Côte d’Azur et de son climat clément. Aujourd’hui, les touristes, les cannois, les badauds et surtout Barbie découvrent et constatent qu’il est bon et agréable de vivre sous les tropiques de la Côte d’Azur …. aujourd’hui, le ciel est radieux et le soleil s’affiche au beau fixe. Le climat méditerranéen semble vouloir jouer au chat et à la souris avec Météo France. Qu’à cela ne tienne, nous nous en profiterons pour nous balader.
Tentons par la même occasion de faire une autre escale, une escale gourmande sur les routes du goût. Pour cela, rendez-vous au marché Forville au coeur de la cité du cinéma. Stoppons-nous un instant sur une étale particulière tant elle est gouteuse et emplie des saveurs du sud. Il ne s’agit pas de fruits, ni de légumes, ni même de poissons … mais de pois chiche transformés en socca. Partons ensemble à la découverte de la socca, celle de Socca’nnes, celle dont les visiteurs du marché parlent en la dégustant dans les rues et les ruelles cannoises.
L’accueil est chaleureux, le service rapide et de qualité. Thomas est au four et prépare avec minutie et rapidité la socca dans un four à bois. Barbara, elle, en assure la vente. L’équipe est au diapason, de ce fait, nul besoin d’attendre bien longtemps pour pouvoir déguster une part de socca. Alors même si la file d’attente vous paraît longue, faîtes preuve de quelques minutes de patience ce sera bientôt votre tour. Avant de vous en dire plus, tâchons de retracer ensemble l’histoire de la socca. Retour en arrière, faisons un bond dans l’histoire pour découvrir ce plat empli de traditions et qui représente de manière honorable la gastronomie locale.La socca se distingue déjà des autres plats car son histoire est difficile à retracer. Aucun ouvrage, aucun site, aucune archive ne retrace avec précision l’histoire de la socca. Cela s’explique en partie par le fait que l’histoire de ce plat se conte de génération en génération de manière orale. Comme la plupart des traditions, l’origine se transmet donc oralement. La socca, plat devenu l’un des fleurons de la cuisine niçoise, serait une adaptation de la farinata, qui en l’occurrence est une galette à base de farine de pois chiche que les liguriens font dorer au four. Elle portait le nom de belecauda (belle et chaude). Cette spécialité aurait sans doute été importée par les immigrants génois au XIX° siècle venus travailler dans les chantiers navals de Toulon.
Ils tiendraient cette recette des Sarrasins qui lors de leurs conquêtes dans le Sud de l’Italie, l’auraient apportés avec eux. Dans les années 1900, Théresa proposait aux pêcheurs, aux dockers et aux ouvriers niçois un casse-croûte composé de pain et de socca. De nos jours, de nombreux marchands ambulants la cuisent et la vendent dans de traditionnels cônes de papier. Mais si vos pérégrinations vous mènent jusqu’à Nice, arrêtez-vous au marché du Cours Saleya. La célèbre « Théresa » y tient une étale. Devenue une institution, sa socca est succulente, prodigieuse.
Même s’il est difficile de retracer avec certitude son origine, nul doute que les fritures à base de pois chiches concassés ou de farine de pois chiches ont elles une histoire longue de plusieurs milliers d’années. On y retrouve des traces Egypte, en Mésopotamie, au Moyen-Orient. La socca tel qu’elle était consommée au XIX° disparue. Ce casse-croûte des travailleurs du matin estampillé aussi repas du pauvre du fait de son prix modeste est devenu un plat populaire. Elle est aujourd’hui incontournable dans la gastronomie locale.
Revenons à la socca de Socca’nnes. Celle qui a attirée Barbie au marché Forville en ce samedi matin. Tout juste sortie du four, elle se déguste chaude avec un accompagnement poivré. Même s’il est vrai qu’elle se déguste volontier en entrée ou à l’apéritif, n’attendez pas, mangez-là sur le pouce. Et dans le cas où vous l’emporteriez, réchauffez-là avant de la déguster car une fois froide, elle perd de ses qualités gustatives. Pas besoin de couverts donc. Ne faisons aucun chichis, la socca se déguste à pleines mains. Avec les doigts c’est meilleur d’ailleurs ! La socca de Socca’nnes n’est pas trop compacte, la consistance est agréable et sans grumeaux.
Cette belle, grande et grosse crêpe de pois-chiche fait environ 5 mm d’épaisseur et, est cuite à point. Finement dorée, le bord à un léger croustillant très appréciable. Elle est légère, le goût du pois chiche subtil se diffuse en bouche doucement, les papilles sont émoustillées. L’assaisonnement légèrement poivré réhausse le parfum du pois chiche. Très bon rapport qualité-prix et un sens de l’hygiène irréprochable. Il est vrai que l’accompagner avec un bon verre de rosé aurait été un must. Mais ce sera pour une prochaine fois.Toujours est-il qu’à la vue de la dernière bouchée, qu’à la perspective de finir sa part, une seule pensée envahie et finie par hanter Barbie … elle aurait dû en prendre deux.